Quand on travaille dans le sens samsarique (celui de la roue de l’existence, non spirituel), on s’attend à être payés pour les efforts qu’on fait en vue du bien commun ou de la cause qu’on a décidé de soutenir. Ça peut être de vendre des cosmétiques à des adolescents boutonneux ou de vieilles personnes ridées, ou des remèdes contre le SIDA et le cancer à des malades spirituels. Peu importe ! Notre conditionnement nous amène à espérer une rétribution pour notre travail.
Le travail sur le sentier (de la spiritualité), c’est autre chose. Il ne vous assure ni ne vous promet que ce que vous recherchez dans le travail samsarique sera encouragé par des récompenses, et il ne vous promet pas de vous hisser à un niveau de vie différent et prometteur. Le travail sur le sentier vous offre la perspective d’accueillir des désirs insatisfaits qui s’égrènent comme une image en papier mâché trempée d’eau, et d’en être reconnaissants. Les désirs n’y sont pas comblés. Ils s’anéantissent, ils disparaissent comme des épaves et des débris flottant sur la mer des fous. Les récompenses et les punitions sont des orgasmes générés par la séduction de désirs démesurés et ne génèrent que davantage de désir d’en expérimenter d’autres. Ils constituent une barrière d’insatisfaction infranchissable. On n’en a jamais assez. Jamais.
Le travail sur le sentier permet de voir à travers la solidité des désirs aussi bien qu’à travers la barrière qui les rend inaccessibles. Ces deux-là ne font qu’un. Ils sont reconnus pour ce qu’ils sont, des mirages transparents dans l’espace ouvert, et n’ont aucune vie que celle que vous leur donnez.
Monica Hathaway, M104
traduction de Maryse Pelletier