J’étais assise et je regardais mes orteils – me demandant d’ailleurs pourquoi je les regardais. C’est que j’étais penchée, le corps replié sur moi-même, voyez-vous. Pourquoi y en a-t-il 5, me disais-je. Parce qu’il y a 5 doigts? Raison insuffisante. Pour l’équilibre? Autre raison non probante : plusieurs animaux ont moins que 5 doigts et se tiennent parfaitement en équilibre, sur des flancs rocheux, par exemple. Pourquoi pas 6? Et pourquoi pas trois, comme les marionnettes?
Puis, je pensai au fait que le double de gens, depuis quelques mois, a besoin des banques alimentaires pour se nourrir. Celles-là, contrairement aux banques normales, se dégarnissent plus vite qu’elles se garnissent et ne donnent aucun intérêt, parce qu’elles n’ont aucun actionnaire – il n’y a pas d’actionnaires qui investissent sur la pauvreté, ce serait un contresens. Et pourtant, s’il y avait des investissements bancaires qui visaient une meilleure répartition sociale, plus d’égalité et moins de profits pour le petit nombre, toute la société, y compris les actionnaires des banques (non alimentaires) y gagneraient.
Je me suis relevée, je ne regardais plus mes doigts de pied depuis longtemps (en termes de secondes) et je suis retournée manger mon dessert. Bien copieux, en me rappelant que je dis toujours à mon chum d’acheter moins parce que nos congélateurs sont déjà remplis à satiété.
Pourquoi avons-nous 5 doigts? En tout cas, pour tenir une fourchette, c’est très utile.