Les enquêteurs

Il y a des gens qui ne sont ni acteurs ni spectateurs. Ils rôdent, critiquant le statu quo. Leur seule communication généreuse consiste en grimaces et grognements. Si vous leur parlez, ils font comme s’ils ne vous entendaient pas et continuent leur important travail. Grimaçant, grognant, hurlant et rouspétant (en silence, bien sûr), ces enquêteurs ont pour message : « Vous ne comprenez donc rien ? Vous ne pouvez pas tout avoir ! Il faut en mettre de côté et en garder pour le moment où ça deviendra rare ! »
Oooh ! Saint ! Saint ! Saint !
Ne pas dépenser ! Ne pas péter ! Ne pas roter ni transpirer, ne pas se dépenser dans un sacrifice orgasmique. É-co-no-mi-ser ! TOUT économiser !
Jusqu’à quel point la vie peut-elle être ridicule ?

Monica Hathaway, M103
traduction Maryse Pelletier

Petite orchidée à rayures

Prosthechea ionophlebia ou Conchita ou Sweet shell

Prosthechea ionophlebia
ou Conchita ou Sweet shell

Elle donne envie de sourire, celle-là, non?

Ça vous mène où?

L’ambition qui naît de l’envie ou de la jalousie s’apparente à vouloir mettre ses pieds dans les souliers d’un autre et leurs pieds dans vos souliers. Il s’ensuit que vous éprouvez de la culpabilité à vous donner, ainsi qu’à quelqu’un d’autre, des ampoules, à cause du fait que vous portez des chaussures mal ajustées. C’est un état d’être et de pensée sournois qui ne peut se développer qu’à partir du commérage intérieur, lequel sert de carburant. C’est totalement lié à l’idée que si vous en aviez la chance, vous montreriez aux autres que vous pouvez faire tout ce qu’ils font, et peut-être même mieux qu’eux. Comme un chat qui s’empêche délibérément d’avoir de bonnes manières. Triste jeu. C’est aussi comme un homme qui pense qu’il pourrait marcher dans les souliers d’une femme mieux qu’elle le fait et qui, dans l’idée de le prouver, la fait trébucher pour démontrer à quel point elle est maladroite, ou la taquine en insinuant que ses souliers ne lui vont pas.

Monica Hathaway, M 103
Traduction Maryse Pelletier

Burp!

Le guru dit : « Venez à moi quand vous êtes heureux ». Quand vous êtes heureux, vous avez de l’énergie à revendre. Vous êtes comme un enfant, espiègle et audacieux, de sorte que le guru peut vous présenter plusieurs idées nouvelles que vous saisissez avec enthousiasme, que vous faites rebondir et avec lesquelles vous jouez ; vous êtes attentif comme un chat avec un nouveau jouet.

Plusieurs confondent bonheur et satisfaction. La satisfaction implique que vous êtes repu, saturé, prêt à dormir, à rêver même. Votre énergie est tout occupée par votre tube digestif, vous n’en avez plus pour penser aux autres, vous êtes plongé dans la satisfaction de soi.

Donc, le guru dit : « Venez à moi quand vous êtes heureux », autrement dit, quand vous avez tellement d’énergie qu’elle vous jaillit par les pores de la peau. Vous pourriez en dépenser en quantité. Vous n’avez rien à gagner, rien à perdre. Les gens satisfaits gardent tout ce qu’ils ont gagné, et vous agitent au bout du nez une carotte qu’ils ne peuvent plus manger, faute d’appétit. Un vieux reste de carotte, dont ils ne peuvent constater qu’elle est molle et collante, tellement ils sont endormis.

Monica Hathaway, M103
Traduction de Maryse Pelletier

Joyeuses Pâques !

Cattleya leuddemaniana, très odorante. Alfombra, Costa Rica, 26 mars 2016

Cattleya leuddemaniana, très odorante.
Alfombra, Costa Rica, mars 2016

Où?

J’ai parcouru des pans d’espace et de temps pour localiser les peuples et l’endroit appelé Shangri La, avec des siècles et des siècles de labeur et de privations devant et derrière moi. Toutes sortes d’êtres sont apparus à ma vue : l’enjôleur et le bien nanti avec leurs salles de conférence et leurs salons de massage ; le sournois sans morale et sans entrave ; l’adorateur des dieux argent, sexe et pouvoir ; le voleur et l’avare, l’infirme, le malade, le pauvre, celui qui naît et celui qui meurt ; les prophètes qui, debout sur leur piédestaux, annonçaient l’avènement de la terre promise dans un futur brumeux, ou ceux qui racontaient que nous sommes en plein Shangri La.

À chaque regard, j’ai vu des hommes bons qui obéissaient aux lois, j’ai vu des hommes sournois qui trompaient, volaient et démolissaient les lois de leurs mâchoires puissantes. Ils tournoyaient dans les larmes qui emplissent les conduits de l’œil, se heurtant les uns aux autres dans leurs efforts pour trouver le sentier d’où ces larmes jaillissent, et qui est connu comme la rivière de la compassion. Le bassin où coule cette rivière est situé là où tous les êtres et non-être naissent et meurent, et apparaît et disparaît au moindre clignement de l’œil qui reflète les visions de celui qui regarde.

Monica Hathaway M.103
Traduction Maryse Pelletier

Orchidée rouge

Mormones atropurpurea Alfombra, Costa Rica, mars 2016

Mormones atropurpurea
Alfombra, Costa Rica, mars 2016

Shangri La

Shangri La est un mythe précieux. Il n’a aucune existence en dehors de l’esprit où résident les six royaumes. C’est la carotte qui se balance au bout du bâton qui sort de votre troisième oeil. C’est votre invention.

Shangri La apparaît différemment à chacun. Pour certains, c’est un monde sans déchets, tout de gratte-ciels, de rapidité, de richesses, de courant-jets, de satellites et de célébrité. Pour d’autres, c’est la beauté de la terre avec ses rochers, ses arbres, ses vallées, ses plantes, ses vallées et ses montagnes sur lesquelles on peut flâner. À certains, Shangri La apparaît comme le conjoint enfin trouvé qui aime leur corps et leur rêve de partager confiance et dépendance mutuelles, ainsi qu’une dévotion inébranlable à la vision de cette perfection nébuleuse. Shangri La pourrait être le groupe auquel on veut appartenir, dans lequel les gens prennent soin les uns des autres et où les disputes sont entendues et réglées par un conseil de gens choisis par tous, mais en dehors du groupe, pour garantir que rien ne vienne affamer ou affaiblir la manière de vivre. Shangri La pourrait être aussi un rêve de liberté totale où nourriture, abri, vêtements et sexe pendent aux arbres pour qu’on les cueille et qu’on en jouisse sans contrainte aucune.

La disparition de la carotte et du bâton planté dans le troisième oeil révélerait peut-être le vide du mythe et l’espace de sa supposée existence.

Dites adieu au Tibet, aux Himalayas, aux guerriers, aux sauveurs et à la vue parfaite du haut d’une montagne qui n’est plus là. Dites adieu aux Shangri Las, quand vous vous lancez dans le vide à partir de cette montagne qui n’a jamais existé.

N. B. Shangri La est un endroit fictif décrit dans le roman Lost Horizon de l’auteur britannique James Hilton. C’est une vallée mystique, paisible, dirigée avec douceur par des lamas, et située à l’ouest des montagnes Kunlun.

Monica Hathaway, M103
traduction de Maryse Pelletier

L’oeuvre d’un homme

La souffrance et l’angoisse qu’il voyait autour de lui le troublaient, et il s’est donné la peine de s’asseoir et de chercher les causes sous-jacentes des maladies, des maux qui affligent l’humanité. Il en éprouvait anxiété et inquiétude. Il a donc décidé d’assumer le fardeau que représentait l’étude de la condition humaine.

Il a réfléchi et parcouru notre univers de long en large, cherchant quelqu’un qui pourrait lui expliquer de quelle façon tout cela était arrivé, et comment le surmonter. Il n’a trouvé personne qui pouvait répondre à ses questions. Finalement, un jour, il s’est juste donné la peine de s’asseoir et de regarder par lui-même la situation de détresse qui l’avait tant perturbé durant sa vie. Intuitivement, par bribes, les Quatre Nobles Vérités lui apparurent :

– l’insatisfaction (la souffrance)
– la cause de l’insatisfaction (la souffrance)
– la prise de conscience que la souffrance peut cesser
– le moyen de cesser la souffrance (le sentier aux huit branches)

Il comprit immédiatement la valeur de cette découverte, et le fait qu’elle a le pouvoir d’aider l’humanité souffrante à vaincre la douleur et l’angoisse. Il s’assit encore et contempla, et considéra le problème de transmettre cette révélation à d’autres esprits que le sien. Au début, il sentit que cela présentait des difficultés considérables, et que peut-être cela n’en valait pas la peine. C’est alors que la certitude se forma immédiatement en lui que si lui, un homme seul, pouvait s’ouvrir à ces vérités, les autres aussi avaient cette capacité.

La connaissance immédiate de la nature de l’intelligence véritable, qui lie tous les êtres vivants dans la recherche de la « vision de la réalité », le débarrassa de la peur que s’il ne pouvait illuminer les autre, sa propre illumination serait un échec. Elle le libéra de l’obligation de sauver le genre humain. Il sut que chaque être humain doit se libérer lui-même, et que s’il échoue à la tâche, c’est à lui que la responsabilité incombe. Il fut libre alors d’aller vers ses contemporains et de chanter la chanson, danser la danse et sonner la cloche de la libération pour quiconque pouvait la voir ou l’entendre.

C’est l’histoire de Boudha. L’oeuvre de cet homme vous appartient.

Monica Hathaway, M103
Traduction Maryse Pelletier

Opinion importante

Miroir, miroir
Dis-moi qui est le plus idiot de tous?
Ne détourne pas ton regard,
Tu pourrais rater la réponse

Monica Hathaway, M102
traduction Maryse Pelletier