Hong Kong, 15 novembre 1987

La première vue de Hong Kong, celle qu’on a quand l’avion atterrit et roule sur la piste construite en pleine mer, et qu’on a devant soi le panorama de l’océan, des buildings et des montagnes, cette première vision est fulgurante. Inoubliable.

Même impression quand on traverse de Kowloon à Hong Kong et qu’on avance vers ce mur de béton, de miroirs et de lumière, les gratte-ciels de Hong Kong, dont le plus insignifiant est plus beau que le plus beau de New York, dont le nombre dépasse de vingt fois celui de Manhattan, et qui laisse une impression d’impossible Walt Disney, qui aurait construit un rêve gigantesque, presque grotesque. Inoubliable ça aussi.

On a envie de rire tellement s’est impossible, de fermer le projecteur pour que le film s’arrête, de couper la musique pour revenir à la réalité. Mais la réalité, c’est ce prodige-là.

Mais ce n’est pas que ça.

C’est aussi la folie du bruit, de la saleté repoussante, de l’épaisse noirceur crasse des petites rues pittoresques où on s’enfonce, qui sentent tour à tour les vers de terre et les oranges, et qui, derrière les façades des magasins, boutiques et échoppes qui s’y alignent sans discontinuer, sans laisser le temps de reprendre son souffle, cachent une pauvreté maladive.

Par contraste, sur les boulevards, Hong Kong est le centre d’achat de la Chine, sa banque. Tout y est plus cher qu’à Tokyo – et pourtant, Tokyo est cher ; on y va pour acheter, pas pour y vivre.

Les Chinois sont plus joyeux que les Japonais, plus colorés, plus bruyants. Ils ont moins de réserve, d’uniformes, d’organisation et de rituels sociaux. Ils sont aussi beaucoup moins propres. Aller à la toilette, ici, c’est une aventure risquée, à la fois pour le pantalon et pour l’estomac – qui doit être solide.

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