Patiente, bonne, aimante
Généreuse, méditative,
Concentrée, la vraie vision.
Voir tout sans accepter ou rejeter
Chaque moment étant le premier et le dernier,
L’ancien jeune,
Disparu au delà de la sagesse.
Monica Hathaway, 12/12/07
La semaine dernière, nous sommes allés, mon amoureux et moi, à une réunion à San Cristobal, le village voisin du nôtre. La réunion était convoquée par le comité de la route d’Alfombra (notre village) qui, pour l’occasion, avait joint ses forces à celui de San Cristobal. – Il est intéressant de savoir qu’ici, au Costa Rica, les gens fonctionnent beaucoup par comités et coopératives. Par exemple, à Alfombra, à part le comité de la route (qui se charge de réparer la route après la saison des pluies), il y a, entre autres, le comité des femmes (qui procure toutes sortes de cours aux femmes du coin) et à San isidro, la ville voisine, il y a une coopérative de producteurs de café. Donc, San Cristobal, réunion de citoyens provenant de 2 villages, pour une discussion au sujet des routes d’Alfombra et de San Cristobal… Je ne vous ai pas perdus?
C’est la saison sèche actuellement, laquelle est normalement très sèche, c-à-d. sans pluie durant trois mois ou plus, mais, depuis quelques jours, nous avons des orages. La météo prévoit même toute une semaine de pluie – et après ça on dira qu’il n’y a pas de changements climatiques! La réunion se passe dans le salon communal, une sorte de grand aréna au plancher de tuiles délimité par un mur de béton qui s’élève presque jusqu’au toit, à quelque 15 mètres. Entre le mur et le toit, il y a un espace fermé par un grillage pour ne pas, sans doute, que trop d’oiseaux ou de lézards participent aux réunions.
La convocation est à 15h00 ; nous arrivons presque les premiers, un peu après l’heure – les costariciens ont une certaine souplesse (hum!) quand il s’agit de la ponctualité. Et nous jasons avec tout le monde que nous connaissons. Finalement, à 15h30, il y une centaines d’adultes et presque autant d’enfants, incluant des nourrissons que leur mère allaite au besoin.
Quand vient le moment où on sent que, tranquillement, les choses s’organisent pour que la réunion commence, la pluie se met à tomber. Un petit orage. On s’assoit en rangs, bien sages, se disant que ça va cesser dans dix minutes. Idem pour les gens qui nous ont réunis et qui, eux, sont déjà à la table devant nous, avec leurs documents. Et on attend. Et on attend. Dix minutes, quinze, vingt…
Soudain, quelqu’un a la bonne idée de brancher un haut-parleur avec un micro et de le tester. Bravo, ça marche! Mais la pluie augmente en intensité. Le petit orage est devenu gros. On l’entend très bien, sur le toit de tôle. On se dit : Ça fait exprès, et on attend. Dix minutes encore, quinze. La pluie ne diminue pas, au contraire. Le président du comité se lève tout de même et se décide nous souhaiter la bienvenue en parlant dans le micro.
La pluie augmente encore. Le gros orage s’est transformé en trombe d’eau. Une vraie rigolade. L’orateur se tait, vaincu. On ne s’entend pas à trois pas, à trois pouces. En plus, il y a de l’eau qui tombe par les fentes du toit, de sorte que, ici et là à l’intérieur de la salle, des gens déplacent leur chaise et les remplacent par des chaudières, dans l’idée que la pluie tombe dans les seaux plutôt que sur leur tête.
Finalement, de guerre lasse, le président du comité commence la réunion malgré le tonnerre ambiant. Il y a des limites à attendre. L’apprenti technicien monte au maximum le volume de l’ampli et le président parle, parle, parle. Ce qui nous arrive comme son est distortionné, étouffé, inaudible et franchement incompréhensible pour nous, les étrangers qui parlons espagnol… mais pas tant que ça.
De temps à autre les gens, nous y compris, se regardent et éclatent de rire, tellement la situation est loufoque. Malgré tout, la majorité des Costariciens a l’air de comprendre ce que l’orateur dit. Ou peut-être le savaient-ils à l’avance ; on se parle, dans les villages.
Au bout d’un moment, les gens autour de nous lèvent la main : ils votent. Vite, pas fous, on lève la main nous aussi ! Ils relèvent la main, nous aussi! Trois fois, on fait comme si on comprenait et on lève la main de concert avec les Costariciens. On se serait cru au parlement fédéral où les députés conservateurs votent les lois sans les avoir lues et sans savoir ce qu’elles impliquent, faisant confiance aveuglément, les ignorants, à Stephen Harper.
Ici, cependant, c’est moins dangereux. D’autant plus que Rigo, le président du comité de la route d’Alfombra, nous explique bien, pendant qu’on boit le café offert à la fin de la réunion, en quoi consistent les 3 projets : il s’agit d’asphalter une partie de la route d’Alfombra (yé!), une partie de celle de San Cristobal (re-yé!), et de construire une petite cuisine en béton sur le terrain de football. Rien pour mettre en danger 80% des cours d’eau ou pour priver de revenus 60% des chômeurs du pays.
Il pleuvait encore à boire debout quand nous sommes sortis du salon communal. Il a fallu sauter pour éviter les flaques, courir jusqu’à la voiture, se faire mouiller en ouvrant la porte, mouiller les sièges, etc. Tout s’était calmé, cependant, quand nous sommes arrivés à la maison. Curieux pays où il pleut quand il faut voter et où il fait soleil après les réunions. On dirait un complot contre la démocratie directe. Mais celui-là n’est rien comparativement à celui de Harper! Il vient des nuages et non pas de l’esprit tordu de politiciens qui gouvernent en niant le temps qu’il fait sur la planète.
Bonjour.
Bienvenue à tous ceux et celles qui se sont rendus ici à travers les milliards de connexions se mouvant dans les airs et dans les fils – souterrains, sous-marins, sur-terrains et sur-marins.
Je regarde les jours couler, et l’envie m’est venue de déposer des textes sur mon site pour ceux qui veulent les accueillir. Comme on égrène de petites pierres blanches pour voir le chemin qu’on a pris dans la vie. Et si mon chemin correspond à celui de plusieurs autres, en tout ou en partie, tant mieux. Si le loup les dérange, les pierres se retrouveront ailleurs que d’où elles viennent – ce n’est pas le destin des pierres de retourner à leur origine ; et si le loup ne les dérange pas, elles bougeront d’elles-mêmes un jour, ne serait-ce que pour s’enfoncer dans le sol.
Tout va, tout change, tout se transforme. Vite ou lentement, mais incessamment.
J’aimerais rendre compte de ce changement pour l’avoir à la conscience. Pour contrer ma tendance à fixer les images, les gens, les choses. Fixer comme dans : rendre fixe, immobile. Il y a de cette tentation en chacun de nous, je crois. Ça fait partie de notre nature. Et je veux rogner, éroder cette envie de solidité parce que…
Parce que tout va, tout change, tout se transforme. Et que je choisis d’être avec cette impermanence plutôt que contre.