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Pacte d’amour

Hier, en faisant le ménage dans mes papiers, j’ai retrouvé une carte d’anniversaire. Elle était libellée comme suit :
Chère Maryse, En ce jour d’anniversaire, je sens le besoin de faire un « pacte » d’amour pour tout le temps que nous serons en vie!
: « Quoi qu’il arrive, je t’aime et je t’aimerai ».

Et c’est signé Lou.

Lou?
Est-ce Louise (j’en connais au moins 2), Marie-Lou, Marie-Louise, Louisette, Marie-Louisette, Loulou ou Lucie? Qui est cette Lou qui a promis de m’aimer jusqu’à sa mort ou la mienne? Je n’ai plus de Lou dans mon entourage, en tout cas pas de Louise qui se fait appeler Lou.

Au surplus, je ne sais pour quel anniversaire la Lou en question m’a offert cette carte et ce pacte, il n’y a pas d’enveloppe, Mais il y a longtemps, puisque la carte est jaunie et qu’elle montre deux petits lapins lançant un cerf-volant, un modèle vraiment démodé. Je l’ai reçue durant vie antérieure, quand je vivais avec un autre homme que celui avec qui je vis maintenant, mais lequel?

Cette Lou, est-ce celle qui m’a donné un cœur en argent ? Est-ce la Louisette qui parlait tant mais qui était si intéressante? Est-ce la Louise qui racontait tous mes secrets à haute voix, tellement que j’en développais des envies de meurtre? Est-ce celle qui m’a insultés en parlant de mes trente ans alors que je n’en avais que vingt-neuf ? (J’avais bon caractère, non?) Est-ce celle qui a couché avec mon chum? Est-ce la Marilou qui m’a parlé des engrames de la scientologie (Dieu du ciel, j’espère qu’elle n’est pas allée plus loin dans cette voie!) ? Est-ce la Marie-Louise qui estimait qu’elle était née dans le mauvais corps? Est-ce la Lucie qui avait une si jolie voix, des mots si doux pour dire une grande frustration?

Quoiqu’il en soit, je sais désormais qu’il y a une Lou quelque part dans le monde que je ne vois jamais, avec qui je ne parle pas depuis plus de trente ans, mais qui m’aime encore. C’est rassurant. De l’amour totalement gratis. Et si Lou oublié son pacte et moi avec, je ne perds rien. Quand on a une intention comme celle-là, il y a, inscrit dans le temps et l’espace, quelque chose qui en reste. Et dont je profite. Et pour lequel je suis reconnaissante.

Chère Lou, je ne sais plus qui tu es, mais je t’aime moi aussi. Mon amour a connu des soubresauts tout au long du chemin qui m’a mené jusqu’ici, j’ai même failli le perdre, mais le temps m’a permis de prendre un peu de distance, de sourire aux souvenirs et de tout pardonner. Et de tout apprécier.

Attendre

Parce qu’attendre debout
parce qu’attendre assis
parce qu’attendre n’importe où l’on soit
est la racine de la mélancolie et du désespoir
j’ai décidé de foutre le camp
d’arriver en temps
n’importe comment
n’importe quand

Auberge du Faubourg
août 1965

retrouvé dans des papiers jamais classés

Mes amies écrivaines

J’ai la chance inouïe d’avoir deux amies écrivaines. Il n’y a pas grand monde qui peut en dire autant.

Si vous n’avez pas d’amies écrivaines, vous ne passez pas de longues soirées à rire, et que ça fait tellement de bien que vous vous en souvenez des mois durant. Si vous n’avez pas d’amies écrivaines, vous ne connaissez personne qui soit si à l’affût d’idées, si convaincue qu’il faut les choisir, si certaine que les idées ne sont rien en soi, mais qu’il faut les travailler, les travailler, et les travailler encore.

Vos amies écrivaines sont comme vous, elles ne savent plus de quelle façon répondre à la fameuse question qu’on leur pose tout le temps « Où vous prenez vos idées? ». Elles savent que les idées ne sont pas comme des ballots de paille. On peut en avoir des milliers, mais il n’y en a qu’une qui, de temps en temps qui s’inscruste suffisamment fort et bien pour qu’on puisse la travailler, et la travailler encore jusqu’à ce qu’elle finisse par générer 100 ou 200 pages. Et donner à peu près satisfaction. Une « oeuvre » qui peut être lue, comprise et appréciée par d’autres, comme un lien tangible vers l’invisible, un bouffée d’air frais dans un monde pollué.

Si vous n’avez pas d’amies écrivaines, vous ne connaissez personne qui travaille autant pour si peu, qui doit de gagner des prix pour s’acheter un manteau, qui attend les chèques annuels de droits sans jamais savoir à l’avance quel en sera le montant, mais qui compte sur ce chèque-là pour pouvoir payer son électricité.

Mes amies écrivaines savent calculer, c’est vital, elles savent surtout regarder et écouter, c’est fondamental, elles travaillent à apprivoiser la vie, leur vie. Elles essaient de survivre à ce besoin qu’elles ont de raconter, sachant que ce besoin est à la fois leur force et leur faiblesse. Sans ce besoin irrépressible, elles seraient infirmières ou professeurs, elles auraient droit à une retraite, elles auraient une vie qui n’a pas besoin de se faire comprendre, dire, raconter, pour laquelle elles auraient moins de respect, peut-être, mais plus d’amitié. Quand on est ballottées sur sa mer intérieure et qu’on ne n’a pu se construire qu’un petit bateau à rames, on a beaucoup de respect pour la mer, très peur que le ciel se couvre et beaucoup d’attachement à son embarcation.

Si vous n’avez pas d’amie écrivaine, vous qui écrivez, trouvez-en une, au moins. Elle partagera votre île solitaire sans jamais vous imposer un seul mot à dire, une seule pensée à écrire. Parce que la principale qualité des amies écrivainces, c’est qu’elles savent respecter tout dans l’être, tout dans l’écriture. Tout dans les autres.

Hommage à mes amies écrivaines et à leurs amies, qui savent qu’elles ont accès à un trésor d’une richesse insensée, fragile, mais inépuisable.

La base

Pour chacun d’entre nous, il est important de comprendre la structure et le fonctionnement du corps. La connaissance de son alignement naturel et de son potentiel naturel de guérison font du fait de vivre dans son corps, ici et maintenant, une joie plutôt qu’une calamité à supporter.

Le corps est mouvement, c’est lui l’aspect actif de l’être. Corps et être ne sont séparés que par la conceptualisation de l’intellect. Espace et mouvement ou émotions en mouvement ne sont pas non plus séparés. L’activité, et notre attitude en la pratiquant sont l’espace en mouvement et en émotion. La forme n’est pas une substance étrangère qu’on doit considérer avec peur et méfiance, comme plusieurs d’entre nous le croient, dans leur ignorance. L’élément esprit et l’élément corps, les charges positives et négatives, rendent la maîtrise de soi possible, dans le sens le plus réel. C’est la communication immédiate entre ce qui apparaît pour les sens être deux éléments séparés qui est le lien. Si ce lien n’existe pas, on rate tout. Les problèmes entre le corps et l’esprit proviennent de l’absence de ce lien. Le lien spontané des éléments positifs et négatifs (l’invisible et le visible) est la clarté de l’être. Ainsi, pensée et activité ne sont pas séparés, même s’ils semblent l’être quand ce lien manque.

La connaissance de l’alignement offre la possibilité à une personne d’avoir une maîtrise de soi dans toutes les activités où elle s’implique.

Monica Hathaway, 18/04/03
traduction de Maryse Pelletier

Orchidée

Spécimen d'une grande beauté. Pour le plaisir encore.

Spécimen d’une grande beauté. Pour le plaisir encore.

Pour vous, c’est lequel?

Les pensées, les mots et les concepts peuvent devenir aliénations maladives ou joyeuses communications de la vie.

Monica Hathaway, 28/04/03
Traduit par Maryse Pelletier

Orchidées

Pour le plaisir des yeux.

Pour le plaisir.

L’homme libre

L’espace ouvert l’intimide. Pour lui, les espaces ouverts sont à combler comme la feuille d’un examen à l’école : s’il y laisse des blancs, il est recalé. Vous vous souvenez? L’homme a oublié que tout ce à quoi il a donné un nom existe sans son consentement. Passé, présent et futur sont aussi des concepts séduisants qui occupent des espaces sur la page blanche. Les soi-disant dinausores sont arrivés et repartis sans consentement. Pour être ignorant, vous devez recevoir une éducation qui vous permet d’adorer les mots, de quelque façon que ce soit. Branchez-vous et allez à l’école, le collège ou l’université la plus proche.

L’espace est le vide et le vide est l’espace. Comme l’homme disait à sa femme qui donnait naissance à leur douzième enfant : “Une autre bouche à nourrir”.

Emplissez l’espace! Des mots, des mots partout, et pas un souffle pour respirer.

Monica Hathaway, 03/04/04
traduit par Maryse Pelletier

L’or des fous

On investit tellement dans la matière, l’énergie et le temps – tant de souvenirs, de rêves brisés; tant de mélancolie et de choléra, de champs ensanglantés et de sources bloquées par le glaire; tant de définitions, de croyances, de choix; tant d’intelligence structurée dans les langues, les sciences, les arts, les lois des différentes origines sociales et religieuses, les philosophies, la littérature, les légendes; les cérémonies de délégation de pouvoir conféré par le dieu de notre choix, les initiations aux cultes, aux clans, aux sectes et aux sociétés secrètes d’origine familiale qui disséminent sur l’univers des remèdes instables nés de la bascule sauvage entre peurs et espoirs. Rêvant du lendemain, nous vivons notre jour d’hui dans une folie d’orgueil et de panique, sautillant comme une marionnette sur un fil.

Nous sommes attachés aux points extrêmes de l’oscillation entre peur et espoir, et passons sans arrêt à côté des délices du moment avec un haussement d’épaules méprisant qui bloque la lumière, la qualifiant de trop ordinaire, trop mondaine. Alors, en soldats de fortune, nous nous traînons, épuisés par notre armure de rêves, notre vision amoindrie par les nuages d’une vie planifiée.

Que laisser tomber? On se pratique seulement à courir. On n’a pas commencé à vivre. On est trop mal préparés pour l’envol.

Monica Hathaway, 12/12/07