Je suis bonne, généreuse, réfléchie, je me soucie des autres comme ils devraient se soucier de moi. J’obéis à l’adage : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse ». Je trouve des moyens d’agir à la place des autres de sorte qu’ils n’ont pas à agir eux-mêmes. Décidément, je suis une énergie parentale mâle et femelle qui ne veut pas, ne pense même pas à ce que quiconque se libère de sa dépendance à la famille et aux amis de la famille. Et, naturellement, avec les autres, nous parlons des problèmes de tout le monde et nous essayons de notre mieux de résoudre leurs problèmes à leur place avant même qu’ils sachent qu’ils ont des problèmes.
Notre groupe bavard, cancanier, ennuyant à en être agaçant, n’attend jamais qu’on lui demande son aide. Nous aidons les autres à faire tout ce qu’ils doivent faire, qu’ils en aient besoin ou pas. Nous refusons que qui que ce soit pose des gestes inconnus de nous et desquels nous sommes exclus. Nous nous plaisons particulièrement à dire : « C’était un éléphant blanc, c’était visible dès le point de départ que ça n’avait pas l’ombre d’une chance de fonctionner ».
Nous représentons un horrible modèle des bonnes manières de ce monde, et nous nous assurons que personne n’échappe à notre microscopique ou macroscopique recherche du bien, du bon et du beau, opposé au mauvais, à la laideur et à l’absence de coopération. Et puis, nous disposons de plusieurs types d’armes pour enrayer le mauvais, le non coopératif et le laid, et de plusieurs récompenses à décerner au bien, au bon et à la beauté.
Est-ce que ça ne vous frappe pas au cœur et au cul, est-ce que ça ne vous agace pas suprêmement, cette participation active au roulement de la roue de l’existence samsarique ? Si ça ne le fait pas, vous êtes vraiment une cause perdue.
Monica Hathaway, M104
traduction de Maryse Pelletier