En ces temps troublés où les valeurs personnelles et sociales auxquelles on adhère et qu’on s’évertuait à renforcer depuis des années volent en éclat devant nos yeux, il est bon de se rappeler quelques vérités. Pour ne pas sombrer. Sombrer, comme des bateaux dont le gouvernail est cassé, et qui essaient de rester à flot durant un orage violent. Sombrer, comme enterrés sous des montagnes de détritus puants. Sombrer, dans les tréfonds de nos découragements, là où on ne sait plus nager tellement on est épuisés et essoufflés. Sombrer, dans toute sa détresse et sa splendeur.
Donc, pour rappel, ces quelques vérités :
L’amitié existe encore.
La vérité, bien qu’elle soit relative aux divers points de vue à partir desquels on la regarde, existe encore.
Le sens de la justice, qui n’est pas une notion nouvelle, il s’en faut de beaucoup, existe encore.
Le partage et l’aide bien qu’ils soient souvent colorés par de drôles d’intentions – pas toujours évidemment – existent encore.
La générosité, la gratuité aussi. On les remarque plus, dans le contexte.
La confiance (aussi totale que celle des chiens qui n’ont pas été battus), même si elle est mise à mal par les relations de pouvoir qui se sont terriblement dégradées ces dernières années, existe encore.
L’honnêteté, la droiture, le respect de la parole donnée, qui sont les bases de relations saines et durables, existent encore.
La paix, même passagère – vaut mieux cela que rien -, est possible.
La bonne foi n’a pas disparu de nos échanges.
Le civisme ne s’est pas totalement évanoui, même si on en voit peu sur les réseaux sociaux.
L’eau est de moins en moins polluée, dans nos pays, du moins il le semble.
Le RoundUp s’utilise de moins en moins. Les ventes risquent de monter en flèches les prochaines années, mais bon, toute réjouissance, même temporaire, est bonne à savourer.
La grandeur – ou ce qu’on appelait par ce nom-là – a disparu de nos histoires contemporaines. Le terme sera repris, certainement, d’ici quelques années, les dictateurs l’aiment, mais on pourra en rire.
Et puis, à ne pas oublier, l’amour. Il existe encore. Ou bref, ou sympathique, ou de longue durée, ou rose ou rouge ou gris, il existe encore. C’est, comme on dit à la Bourse, une valeur refuge.