De plus en plus je fais la différence entre cette entité que je nomme « moi » et mon corps. Bien sûr (pour ce que nous en savons en tout cas), je/moi n’existerais pas sans mon corps. Mais si, auparavant, j’avais tendance m’identifier avec la fille que j’habillais, coiffais, promenais par les chemins aventureux et dont j’étais, ma foi, assez fière, j’ai tendance maintenant à me détacher de mon enveloppe. Non pas à vouloir la quitter, mais à m’en distancer.
Ainsi, je regarde. Ah, voici les articulations qui fonctionnent avec moins de fluidité. Voici les mains qui s’engourdissent plus facilement. Voici que mon corps a froid plus facilement. Voici que je ne peux plus rester assise des heures sans avoir mal en me relevant. Voici, voici, voici…
Je regarde l’usure qui va doucement son petit train, et c’est intéressant. Ça me ramène à l’essentiel, l’impermanence. Et j’ai souvent une envie (fugace, nécessairement) de savourer cet essentiel.