Aujourd’hui, une semaine avant les élections, je suis troublée, je me rends compte que le seul nom de Harper me fait lever les cheveux sur la tête, que j’ai le coeur qui tombe dans la poitrine et des envies de déménager au bout du monde sitôt que je pense qu’il pourrait être réélu. Décourageant. Moi qui voulais atteindre une certaine sagesse dans ma vie, un certain détachement, voilà qu’un manipulateur, un menteur, un tricheur ébranle à sa base ma toute naissante sérénité.
Je reste des heures sur FB à partager fiévreusement tout ce qui pourrait nuire à la campagne conservatrice, tout ce qui pourrait réveiller les gens de la région de Québec et les inciter à ne pas votre conservateur, tout ce qui pourrait aider un de mes amis à se faire une idée, ou à voter stratégiquement pour défaire Harper, je reste assise plusieurs heures par jour à lire les sondages, les commentaires de sondage, les commentaires des commentaires de sondage, tous les Chantal Hébert et les Vincent Marissal de ce monde qui analysent, supputent, décortiquent… J’en deviens gaga.
Et j’ai cette peur/haine/dégout qui ne me lâche pas quand je pense à ce que Harper a fait et défait, à la façon dont il traite ses députés, ses électeurs, la démocratie, Radio-Canada et le parlement, à quel point il sert les pétrolières contre les citoyens alors que sa fonction est de faire le contraire, exactement le contraire. Je vous jure, j’en suis révoltée, survoltée, abasourdie.
Il y a un os dans le potage quand une personne comme celle-là, malgré ses mensonges éhontés, ses fourberies, ses tromperies, ses manoeuvres tortueuses et illégales, peut exercer un pouvoir quasi total sur un pays, seulement dépassé par celui de la Cour suprême. Un os de dinosaure. Notre démocratie parlementaire repose trop sur la bonne volonté des uns et des autres, et notre système électoral, s’il peut être déjoué par des tactiques déloyales d’une ampleur telle que la vie même du pays est transformée, que les pauvres sont plus pauvres et les riches plus riches, que les religions peuvent choisir les réfugiés que nous acceptons, que nos rivières, nos mers et nos vies sont polluées – même si certains d’entre nous ne s’en rendent pas compte-, ce système électoral, cette façon d’exercer le pouvoir sont totalement dépassés. Vivement la proportionnelle, ou une élection à 2 tours. Ainsi, ceux qui nous « dirigent » – alors qu’ils devraient nous servir-, quand ils nous mentiront en pleine gueule, auront au moins la légitimité pour le faire.